Tripode, 2022, pierre calcaire, 188 x 210 x 210 cm
Projet réalisé dans le cadre de la résidence mise en place par le Fonds de dotation Verrecchia, château de la Maye, Versailles.
Tripode est une arche en trois parties réalisée en pierres sèches. Les blocs, taillés un à un, s’emboîtent successivement jusqu’à la clef de voûte. La rencontre avec le tailleur de pierre Paul Vergonjeanne, est à l’origine du projet. À mis chemin entre sculpture et architecture, cette collaboration contribue à la revalorisation mutuelle entre la taille de pierre et la pratique artistique contemporaine.
Dans un premier temps, les arcs, semblables à des pattes ou des tentacules nous renvoient au vivant et évoquent une forme de crustacé ou d’invertébré. Un aspect blanchâtre recouvre l’ensemble et camoufle la pierre. Cette matière est issue de la réaction chimique entre le calcaire et du vinaigre. Une partie de la roche se dissout par l’action de l’acide puis se cristalliser sous forme de salpêtre. Cette altération volontaire évoque le caractère périssable de la pierre :
« La ruine exprime ce que dit la vanité en pire : car, à l’évidence, on sait la fugacité de ce qui est fragile, on imagine la précarité de ce qui est éphémère, mais on ne sait peut-être pas que le minéral, la pierre, la dureté de la matière et ses agencements, tout cela aussi est périssable, mêmement. Les pétales d’une fleur et les tours d’un château, les fruits délicats et les voûtes en plein cintre d’une église, tout est à égalité devant le temps et son absolue puissance. »
Métaphysique des ruines, Michel Onfray
Au-delà de la simple destruction, la ruine évoque également le changement à venir et les transformations sociétales qui s’opèrent. Symbole de grandeur, de religion ou de pouvoir, l’arche se voit ici métamorphosée. L’aspect biomorphique du tripode met en scène une architecture aux courbes organiques et sensibles. Composé de milliers de coquilles d’océans millénaires, Tripode nous rappelle que la pierre elle-même a pour origine le vivant.
© Fonds de dotation Verrecchia / Eliott Skrzypczak / Océane Bazir