Le travail de Denis Macrez est moins un travail de sculpture que d’érosion. Il s’agit moins de donner une forme à la matière que de donner vie à des strates du temps.
Si presque toutes ses œuvres font référence à l’histoire de l’art, par leur titre - Vénus -, leur sujet - nature morte - ou leur matière - le marbre de Carrare -, elles abordent cette histoire du point de vue minéral, l’infiltrent pour en révéler la matière organique, comme si elles voulaient confronter le temps de cette histoire au temps bien plus long de la géologie.
Empruntant autant à la performance qu’aux savoir-faire de l’artisanat, qu’il s’agisse de cuire des céramiques à la chaleur d’un volcan, ou d’expérimenter des émaux à base de poudre d’os, c’est à chaque fois une tentative de dépassement du cadre de sa pratique pour explorer ce qui dure – ce qui subsiste.
Mais loin d’être figées ou distantes, ses sculptures font irruption dans notre réel en se faisant l’écho de certaines images de notre actualité. Elles paraissent animées d’une présence qui semble sourdre sous leur surface. Composées de milliards de restes de vies infimes devenues sédiments puis marbre ou calcaire, elles incarnent cette vie qui les a traversés, tout en gardant cette douceur et cette apparente simplicité que seule l’infinie patience du temps peut conférer aux choses.
Au moment de l’exposition, le visiteur est parfois invité à toucher les sculptures, à en saisir le côté sensible. Par cette invite presque charnelle, Denis Macrez nous fait basculer dans un monde poreux, usant de l’enveloppe de ses sculptures comme d’une interface entre ce monde et le nôtre, où ce qui dure n’est pas la pierre, mais la vie qui la parcourt.

Pol Dubot 
© Mona Mil