Memento occides, 2021, Marbre de Carrare, 60 x 18 x 16 cm 
Une masse informe, fantomatique, repose sur le flanc, échouée. Une entaille au côté gauche nous rappelle la figure des piétas, comme représentation de la douleur et de la mort du dieu. Ici le corps s’affaisse, humble, exposé. La figure christique s’est incarnée en bête blessée.
La religion a laissé la place au vide, le culte du martyr au martyr des bêtes. De ce vide, de cet effondrement surgissent les monstres, humains, bien trop humains. Une nature morte faisant écho aux images des cétacés mutilés ou tués dans l’actualité et qui font basculer le classique memento mori, souviens-toi que tu vas mourir, en memento occides, souviens-toi que tu tues, replaçant la catastrophe écologique en cours comme sujet tragique de l’histoire de l’art.
Cette enveloppe de chair blanche, en équilibre au bord de l’abyme, ce corps embryonnaire, in-fini, peut-être nous rappelle aussi, comme une larve dans sa chrysalide, que quelque chose peut encore se renverser. Que le changement est perpétuel. Que quelque chose serait encore en gestation, dans un état intermédiaire, entre-deux.
Pol Dubot
© Jean-Baptise Monteil